
Parmi les bredele, ceux en forme d’étoiles sont les stars de la Saint-Nicolas.
Getty Images/iStockphoto/eli_asenova
Le 6 décembre, c’est la Saint-Nicolas, jour où l’on s’offre des bredele dans le nord et l’est de la France. Ces petits gâteaux, tout comme ceux de Noël, n’ont pas ces formes distinctes pour rien et ne sont pas distribués à cette époque par hasard. Retour sur l’histoire derrière ces douceurs.
Nous avons cherché les secrets d’histoire dans le livre Fêtes de la table et traditions alimentaires (Le Pérégrinateur éditeur, 19,90 euros), de Nadine Cretin, historienne des fêtes spécialisée en anthropologie religieuse. La Saint-Nicolas révèle bien des symboles, tant gastronomiques –les bredele!- que sociétaux. L’apparence des biscuits n’est pas anodine. Ils sont « plus souvent importants par leurs formes que par leur consistance, même si les recettes sont immuables dans toutes les religions », note Nadine Cretin.
Des biscuits pour chasser les angoisses

Les traditionnels Männele ou Mannele, distribués à la Saint-Nicolas.
Getty Images/iStockphoto/larik_malasha
« La nuit nous a toujours fait peur et elle appartient aux revenants et aux créatures surnaturelles, selon les civilisations. » Au solstice d’hiver, les biscuits sont fréquemment anthropomorphes, comme les Mannele/Männele. « Ce ‘cannibalisme’ traduit les angoisses profondes de l’homme, décrypte l’historienne. Il rappelle le père Fouettard, créature propre au monde non-civilisé, symbolisant l’au-delà. » À forme humaine ou arborant un visage, ces gâteaux sont une « forme christianisée de sujets anciens connus d’une grande partie de l’Europe ».
Des biscuits pointus pour lutter contre les mauvais esprits
Bien des biscuits de Noël, notamment les bredele, ont des formes d’étoiles, de coeurs, de triangles ou de croissants. « Ils portent bonheur », signale l’historienne. Les pointes ou coins sont « utilisés contre les sorcelleries ». « Ces biscuits sont souvent suspendus dans l’arbre ou s’accumulent dans des boîtes en fer en attendant d’être dégustés au moment de Noël. » Il s’agit donc d’offrir des porte-bonheurs, éloignant les mauvais esprits tapis dans la nuit, notamment au solstice d’hiver (la nuit la plus longue).
Le sapin lui-même est non seulement pointu, donc éloignant le mal, mais ses cônes sont symbole de fertilité.
Des mets pour la prospérité

Pommes, pommes de pin et châtaignes sont des symboles de fécondité.
Getty Images/Lynne Brotchie
Les populations paysannes, si nombreuses autrefois, appréciaient les procédés qui permettaient de s’assurer la prospérité: fertilité des récoltes futures, fécondité du cheptel… » C’est pour cela que « les premiers sapins alsaciens étaient décorés de pommes et de noix, symboles de fécondité ». Ou que la bûche devait faire des étincelles et ses tisons conservés toute l’année.
À LIRE >> La bûche de Noël: son histoire et ses symboles
Souvent, les biscuits, brioches et gâteaux « symbolisent la fécondité -ainsi que les formes sexuelles de certaines pâtisseries l’attestent- et sont porte-bonheur ».
La Saint-Nicolas
Le 6 décembre (et parfois le 5) est célébrée la Saint-Nicolas dans le nord et l’est de la France, mais aussi en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas, ainsi que dans des régions en Allemagne, en Suisse et en Autriche. La tradition veut que saint Nicolas, souvent sur son âne, distribue des gâteaux (bredele avec des Männele, des santiklaüsmannla, des spéculoos, des couques, des pâtes d’amande, des oranges, etc.) aux bambins. Le père Fouettard le suit, pour distribuer des coups de bâton ou du charbon aux enfants méchants.