D’après l’article de Marie-Armelle Christien (La Vie, mai 2020).
Qui sont les « saints de glace » ?
Le 11 mai marque depuis plusieurs siècles le début des saints de glace. Les plus connus sont saint Mamert, saint Pancrace et saint Servais. L’un d’entre eux, Saint Mamert, célébré le 11 mai, fut évêque de Vienne au Ve siècle et institua les Rogations, soit trois jours de supplications lors des jours qui précèdent l’Ascension, pour qu’hommes et récoltes soient épargnés par les calamités… épidémies comprises. Les « saints de glace », sont en réalité plusieurs saints célébrés entre la mi-avril et la mi-mai. Si on les désigne ainsi, c’est parce que la météo de cette période est cruciale pour les récoltes. « La période de la mi-mai est très importante pour la végétation. Les pousses sont encore toutes nouvelles et si des gelées surviennent, elles peuvent faire de grands dégâts » explicite Nadine Cretin, auteur de l’Inventaire des fêtes de France d’hier et d’aujourd’hui (Larousse). « Or, jusqu’à cette date ultime, qui marque la fin de l’hiver, des gelées tardives peuvent encore survenir. Une fois les saints de glace passés, les risques pour les récoltes sont moindres, et il n’y a plus de gelées. » poursuit la spécialiste des rites et célébrations religieuses.
Très populaire auprès des jardiniers et des agriculteurs notamment, les saints de glace intéressent encore des domaines plus surprenants : « Pour les syndic immobiliers aussi, les saints de glace sont importants. Ils n’éteignent le chauffage qu’une fois la période passée » sourit la spécialiste.
Supplier contre les calamités
« Avec l’exode rural et la baisse du nombre de pratiquants, la tradition des Rogations, juste avant le jeudi de l’Ascension, a perdu en popularité, détaille Nadine Cretin. Cependant, de plus en plus de gens les redécouvrent, et les croyants ont de moins en moins peur de s’affirmer en public ». Le lundi, on organise des processions pour obtenir de belles fenaisons, le mardi pour les moissons et le mercredi pour les vendanges. Bien évidemment, « ce n’est pas une prière miracle, prévient sœur Béatrice, de l’abbaye de Boulaur où elles sont organisées chaque année. Mais elle apprend à s’abandonner. Malgré toute catastrophe, nous savons que le Seigneur veille. Ne nourrit-il pas même les oiseaux du ciel ? »